Toussaint :
Pourquoi les rituels nous aident à traverser le deuil
Toussaint : Pourquoi les rituels nous aident à traverser le deuil
Publié le 31 octobre 2025

Dans les villages insulaires, le 1er novembre marque la réunion des familles au cimetière, l’allumage des bougies sur les tombes et le dépôt de bouquets de chrysanthèmes. La cuisine elle-même devient un rituel de mémoire : que ce soient les bastelle ou sciacce, petits chaussons aux blettes et au brocciu offerts « pour les morts » ou A Salviata, gâteaux en forme de S traditionnellement à la sauge ou encore le pain des morts.
De même, un couvert supplémentaire est placé à table le soir du 1er novembre, en souvenir de l’absent et une coupelle d’eau est déposée sur le rebord d’une fenêtre pour accueillir symboliquement les âmes.
Ces gestes, transmis de génération en génération, sont des ponts entre le visible et l’invisible, entre ce que l’on vit et ce que l’on perd.
En tant que psychologue, je vois combien de tels rituels peuvent soutenir le travail de deuil :
• Ils offrent un cadre concret pour symboliser la perte et rappeler l’absent.
• Ils permettent un arrêt mental, un moment consacré à la mémoire, à l’émotion, à la reconnaissance.
• Ils ouvrent un espace collectif, où la douleur peut se dire, se partager, se transformer.
• Enfin, ils favorisent l’ancrage dans le corps et le temps : allumer une bougie, préparer un gâteau, déposer un bouquet…
Autant d’actes incarnés qui aident à quitter le flot de la pensée pour revenir à une présence plus consciente.
Si la perte est universelle, le rituel offre une réponse à la fois culturelle, communautaire et personnelle.
Il ne « guérit » pas la douleur, mais il lui donne un sens, un rythme et un point d’appui.
En Corse, cette fête des Santi et des Morti n’est pas un simple héritage :elle est un appel à honorer, à se relier, à se souvenir.
Et peut-être aussi… à trouver en soi un espace où déposer ce qui ne se dit pas.
Laisser une place pour l’absent, c’est ouvrir une fenêtre vers le vivant.